Jon Hendricks, génie de la virtuosité vocale
91 ans, l'allure d'un roi éthiopien, le génie de l'art vocal que Time Magazine appelle " le James Joyce du Live ", Mr Jon Hendricks, vient d'être l'invité de luxe de Gregory Porter Jazz sous les pommiers (Coutances, Manche). Jusqu'au 18 mai, il était en quartet vocal au Duc des Lombards Paris. Deux sets par soir, soit deux mini-concerts au Duc des Lombards, toute la gentry et toute la cour, Mr Jon Hendricks est en ville.
It's Sandam, la première chanson: choc, feu d'artifice, éblouissement, perfection de mise en place, joie de l'expression, tempo d'enfer, démenti de toute la morosité ambiante, promesse de l'avenir. Digne en tous points des sublimes heures du trio Lambert, Hendricks and Ross, la fin des années 1950. Attention, art en voie de disparition. Nulle surprise ce que cet art vocal, choral et inventif, qui visiblement fascine toute une partie de la variété et de la " chanson française " n'attire en ces lieux aucun beuglant de télévision. Ils ne connaissent pas son nom. Normal.
BONTÉ ET DRÔLERIE
Jon Hendricks est, on pèse les mots, un génie de la virtuosité vocale. Une personnalité pleine de bonté et de drôlerie. Une classe couper le souffle. Blazer fuschia façon Roger Lanzac, casquette de yachtman, corps mince, nerveux, réduit sa souplesse et son sourire, Jon Hendricks n'a rien d'un revenant, d'un survivant, d'une légende de cirque. Il chante. Il connaît ses limites d'homme né en 1921. Il compose avec elles. Il sait créer l'ensemble qui soutient la possibilité de l'aventure. Il transmet comme d'autres respirent. Et s'il raconte en chanson sa vie, délicatement appuyé au piano, il fait fondre.
Homme d'avant, il ne mange pas le micro, comme font, par défaut, les nouvelles venues. Il s'en joue avec habileté. Il parcourt ses mémoires, Count, Duke, varie In A Mellow Tone quatre voix bien distribuées, laisse Aria, sa deuxième fille, une (...)